Ferme bio de Palugo pres de Quito/Palugo Organic Farm near Quito
3 August 2019In French (English version further down)
Chers famille et amis, nous tenions a vous raconter notre sejour a Palugo, pres de Quito, dans la ferme de la famille de notre amie Marcela ou nous sommes restés durant trois semaines au mois de Juillet (au lieu des quelques jours de passages habituels auxquels nous étions habitués car Palugo représentait pour nous un lieu central ideal pour se reposer avant de repartir vers d'autres aventures).
Francisco, le grand-pere d'origine allemande, avait acheté ces terres qu'il exploitait de maniere "conventionnelle" (il avait étudié les models de l'agriculture intensive en Allemagne) et était devenu l'un des plus prospères producteurs de fruits et legumes en Equateur. Mais en voyant le piètre état de son sol apres maintes années d'utilisation de fertilisant et de pesticide, il s'est tourné vers des pratiques qui sont beaucoup plus respectueuses de l'environnement telle la permaculture. Lui et sa femme Adela ont aussi été influencés par leurs trois fils, Mijael, Thomas et Matias, qui sont revenus sur les terres avec leurs familles apres de longues années d'absence ou chacun faisait sa vie mais aussi travaillaient régulierement ensemble aux Etats-Unis principalement comme éducateurs dans des activitées "outdoors" tels que l'escalade , descente de rapides en kayak, spéléologie etc...
Aujourd'hui la ferme créé des emplois et fait vivre une dizaine de familles issues de communautés natives locales et contribuent a leur faire renouer avec des pratiques ancestrales du travail de la terre et aussi de constructions traditionnelles en adobe que beaucoup d'entre eux avaient abandonné au profit de l'utilisation du parpaing pourtant beaucoup plus cher (et plus moche) que l'adobe! L'une des raisons est qu'ils associaient ce materiau a la vie pauvre et dure des campagnes que les générations précédentes avaient connue. Ils ont aussi migré vers les villes pour fuir la pauvreté et se sont aglutinés dans des quartiers ou le beton de maisons a moitié finies recouvrent les flancs de montagnes qui ceinturent les grandes villes et en particulier Quito qui semble n'en plus finir de s'étendre. En voyant les maisons magnifiques que les 3 freres se sont construites a partir de ce materiau noble et écologique (en utilisant aussi les formes naturelles de troncs d'arbres pour les armatures), beaucoup de ceux qui travaillent a la ferme ont petit a petit changé leur regard sur leur facon de constuire et ont ainsi integré peu a peu beauté, bien etre et développement durable dans leur maniere de vivre.
Nous habitions dans une chambre dortoir (ou ils accueillent des étudiants du monde entier) a l'étage au dessus du batiment ou ils traient les vaches a partir de 4h du matin! Nous avions une douche solaire et des toilettes seches a compost.
C'est une ferme bio non certifiée mais ils sont en train de suivre de longues démarches pour le faire et ainsi devenir la premiere ferme laitiere bio de l'Equateur!
C'est assez compliqué a faire en Equateur car il n 'y a pas beaucoup de demande pour le bio et par conséquent tres peu sont pres a payer plus pour des produits pourtant de meilleur qualité. Ils sont donc bio par conviction et vendent leur lait , fromage et yaourt au prix normal du marché des produits de masse! Ils font face a ce probleme en se diversifiant et en organisant des séminaires, des formations et des expéditions tout au long de l'année. Ils enseignent ainsi les pratiques de permaculture appliquées dans la ferme mais aussi organisent des activites "outdoors" afin de renforcer la responsabilité sociale et environmentale des étudiants qui y participent, au travers de programmes dans la nature et aussi dans des communautés diverses en montagne et dans la foret amazonienne.
Ils s'en sortent aujourd'hui non sans avoir eu des difficultés car au cours des 25 dernieres années beaucoup d'évenements inattendus et tres facheux ont failli ruiner la familles a plusieurs reprises. Il y a de quoi écrire un bouquin tellement leur histoire est incroyable, je vais mentionner que quelques faits remarquables. Il y a 25 ans, Ils se sont fait expropriés sans aucune compensation (le gouvernement avait vendu les terres a des compagnies minieres et la loi ne prevoyait rien a l'époque pour les proprietaires terriens!). N'ayant plus rien a perdre, ils se sont barricadés a l'entrée de la ferme et, armés jusqu'au dents, ils empechaient quiconques de rentrer de jour comme de nuit. L'armée est meme intervenu mais devant la tenacité de Francsico qui etait pres a donner de sa vie, le gouvernement a entamé une procédure, qu'il croyait gagner facilement, mais qui a pris 8 longues années pour finalement perdre le proces et restituer les terres. La loi a meme changé grace a eux, l'état respecte la souveraineté d'un proprietaire terrien en surface mais reste proprietaire du sous sol! ils purent garder leur ferme mais furent donc dans l'obligation de consacrer une bonne partie des terres a l'exploitation miniere sous peine d'etre re-expropriés!! Ils ont eu ensuite de gros problemes avec l'entreprise miniere qu'ils ont engagée qui a cessé de les payer au bout de 4 années d'exploitation et débuta alors un autre proces de 4 ans, durant lequel ils ne purent expulser la compagnie miniere qui continuait a exploiter la mine sans débourser un sou! Meme lorqu'ils ont finalement gagné leur proces il a fallu une autre année pour les évacuer! Et la compagnie miniere n'a jamais remboursé un centime... Elle est toujours en activité et sévit quelque part d'autre en Equateur. Le coût de la seconde étape de la procédure pour récuperer l'argent perdu et incriminer la compagnie est tellement prohibitif qu'ils ne l'ont pas entamée (mais ils y pensent toujours serieusement). Et je ne parle pas du coût de la réhabilitation des terres qui etaient perforées de toutes parts avec des trous béhants allant jusqu'a une trentaine de metres de profondeur... (mais la chance tourna en leur faveur lorsque la ville de Quito decida de contruire la premiere ligne de metro et cherchait un endroit pour deposer la terre, ce qui leur permis de renflouer les trous et de réhabiliter le lieu!)
Et puis il y a eu aussi d'autres moments particulierement durs ou des membres de la famille ont failli perdre la vie lors d'expéditions périeuses en haute montagne ou lors d'accidents graves dans la ferme. Il y eut meme des reglements de compte entre les travailleurs avec au bout du compte un mort lors d'une affaire de vol de betails...
C'est donc une famille bien aguerrie par les obstacles et vicissitudes de la vie mais ils sont restés soudés et determinés pour aller jusqu'au bout et sortir de situations "impossibles", ce qui a rendu notre experience a leur contact d'autant plus enrichissante et inspirante. Ce qui nous a tout particulierement touché c'est leur relation avec leurs travailleurs, qu'ils considerent comme faisant parti de leur famille. Et c'est en parti pour eux qu'ils se sont battus pour garder la ferme car il y va de la vie et du bien etre de toute une communauté derriere.
Nous avons donc eu la satisfaction de les aider dans leur noble cause. Nous avons aidé aux finitions de l'extension de la maison de Marcela et Mijael; pose du plancher, installation des fenetres, enduit sur les murs d'adobe etc... ainsi que la realisation d'une peinture murale. Avec les filles, nous avons fait l'école a domicile aux petits enfants dont la plus grande n'a que 8 ans. Nous avons fait de l'art, des activités de plein air, les filles ont pris leur role au serieux et leurs ont meme appris des chansons francaises et maori pour faire un spectacle avec tous les enfants. Une grande amitié s'est crée entre les enfants ce qui a rendu notre sejour tres agréable. Elles ont aussi chanté des chansons maori tres appreciées par toute la famille (Marcela en avait les larmes aux yeux car cela lui rappelait de bons souvenirs lors de ses nombreux séjours en Nouvelle Zelande).
Janette a aussi aidé son papa a couper le bois nécessaire au chauffage de l'eau.
Nous participions aussi a la confection des paniers de légumes distribués a des clients fideles de la ville soucieux de manger des produits de qualité.
Nous avons aussi bien sur aider lors des traites des 40 ou 50 vaches tôt le matin et en fin d'apres midi. Nous apprecions tout particulierement nourrir les veaux a la main, les vaches sont traites avec des trayeuses mais a un rythme tres lent car chaque vache est inspectée minutieusement, ils les connaissent toutes et leur parle avec affection. Tous les mardi, nous repartissions le lait frais en bouteille et un membre de la famille allait le distribuer aux particuliers. Malheureusenent pour l'instant, les autres jours de la semaine, le lait est vendu au grand distributeurs qui mélange lait bio et non bio dans la meme citerne... Nous avons eu la chance d'avoir un contact avec des animaux de ferme tres bien traités et elevés avec grande compassion et en tres basse densité. Elle sont aussi selectionnées intelligemment depuis 35 ans et ils ne cessent de gagner des concours de vaches laitieres.
Nous avons eu aussi l'opportunité de partir découvrir le splendide paysage volcanique qui nous entourait a vélo et profiter de leur expérience dans les expeditons qu'ils organisent en haute montagne.
Nous esperions voir des ours a lunette mais nous ne fumes pas si chanceux...
Les parents s'occupent eux meme de l'education de leurs enfants en faisant l'ecole a la maison, et les cousins grandissent ensemble dans cet esprit de solidarite et conscient des problemes environmentaux.
Leur philosophie les a rendu dissidents et résistants au rouleau compresseur du marché qui impose le plastique a tout va et c'est un veritable casse tete pour trouver des solutions alteratives d'empaquetage des produits qu'ils fabriquent (lait, fromage, yaourt).
Ce lieu créé par cette famille unie aux moeurs justes et bienveillantes est un model social et environnemental pour tous. Leur accueil fut si chaleureux que nous nous sentions comme en famille et des liens fort et durables d'amitié se sont créés.
En anglais:
Dear friends, here is our account about our stay in Palugo, near Quito, on our friend Marcela's family farm where we stayed during three weeks in July (instead of the usual few days we were used to, as Palugo represented for us an ideal central place in the country to rest before going to other adventures).
Francisco, the grandfather of German origin, had bought these lands that he exploited in a "conventional" way (he had studied the models of intensive agriculture in Germany) and had become one of the most successful fruit and vegetables producers in Ecuador. But seeing the poor condition of his soil after many years of fertilizer and pesticide use, he turned to practices that are much more environmentally friendly such as permaculture. He and his wife Adela were also influenced by their three sons, Mijael, Thomas, and Matias, who returned to the land with their families after many years of absence, where everyone was doing their own things but also working together regularly in the United States, mainly as educators in outdoor activities such as climbing, kayaking, speleology etc ...
Today, the farm has created jobs and supports a dozen families from local native communities and helped them re-connect with ancestral practices such as the way they were working the land and also traditional adobe constructions that many of them had abandoned in favor of the use of concrete blocks yet much more expensive (and uglier) than adobe! One of the reasons for this is that they associated this material with the poor and hard countryside life that previous generations had known. They have also migrated to the cities to escape poverty and have concentrated in poor suburbs where numerous of half-finished concrete houses cover the mountain flanks surrounding the big cities and in particular Quito which never seems to stop spreading out. Seeing the magnificent houses that the three brothers built with Adobe, a noble and ecological material (using also the natural forms of tree trunks for the frames), many of those who work on the farm have gradually changed their look at their way of constructing and thus have started integrated beauty, well being and sustainable development in their way of living.
We lived in a dormitory (where they welcome students from all over the world) on the first floor above the building where they milk the cows from 4am! We had a solar shower and a dry compost toilet.
It is a non-certified organic farm but they are taking long steps to do so and become the first organic dairy farm in Ecuador!
It is quite complicated to do in Ecuador because there is not much demand for organic products and therefore very few people are willing to pay more for products of better quality. They are therefore organic by conviction and sell their milk, cheese and yogurt at the normal price of the conventional market! They face this problem by diversifying themselves and organizing seminars, training and expeditions throughout the year. They teach permaculture practices applied on the farm and also organize outdoors activities that strengthen the social and environmental responsibility of students who participate, through programs in the wild and also in various communities in the mountains and in the Amazonian forest.
They are doing well today, despite having difficulties over the past 25 years as a lot of unexpected and very unfortunate events have almost ruined the family several times. There is enough to write a book as their story is quite incredible, I will mention only a few remarkable facts. Twenty-five years ago, they were expropriated without any compensation (the government sold the land to mining companies and the law did not provide anything for the landowners at the time!). Having nothing to lose, they barricaded themselves at the entrance of the farm and, armed to the teeth, they prevented anyone from entering (day and night). The army even intervened but faced with the tenacity of Francsico who was ready to give his life for the farm, the government initiated a procedure, which they thought they would win easily, but it took height long years to finally lose the trial and return the land to Fransisco. The law has even changed thanks to them, the state respects the sovereignty of a landowner on the surface but remains owner of the underground! They were able to keep their farm but were therefore forced to devote a large part of the land to mining or face re-expropriation!! They then had big problems with the mining company they hired which stopped paying them after four years of operation and then began another four-year trial, during which they could not expel the mining company, which continued to mine without paying a penny! Even when they finally won their trial, it took another year to evacuate them! And the mining company has never paid back a cent ... It is still active elsewhere in Ecuador. The cost of the second stage of the procedure to recover lost money and incriminate the company is so prohibitive that they have not started it (but they still think seriously about it). And I'm not talking about the cost of rehabilitating the pieces of land that were pierced on all sides with holes of up to thirty meters deep ... (but luck turned in their favor when the city of Quito decided to build the first line of metro and looked for a place to deposit the excavated soil, which allowed them to fill in the holes and rehabilitate the place!).
There were other particularly harsh moments when family members almost lost their lives on high mountain expeditions or during serious farm accidents. There was even a serious dispute between the farm workers over a cattle theft which ultimately caused the death of one of them.
It is thus a family well seasoned by the obstacles and ups and downs of life but they remained united and determined to go to the end and resolve impossible situations , which made our experience with them all the more rewarding and inspiring. What has particularly touched us is their relationship with their workers, whom they consider to be part of their family. And it is partly for them that they fought to keep the farm because it is about the life and well-being of a whole community behind.
So we were happy to help them in their noble cause. We helped finish the extension of the house of Marcela and Mijael; laying of the floor, installation of the windows, painting the adobe walls etc ... as well as the realization of a mural. With the girls, we did home schooling for the children on the farm, the oldest being 8 years old. We did art, outdoor activities, the girls took their role seriously and they even taught French and Maori songs to make a show with all the children. A great friendship was created between the children which made our stay very pleasant. They also sang Maori songs that were appreciated by the whole family (Marcela had tears in her eyes because it reminded her of good memories during her many trips to New Zealand).
Janette also helped her dad cut the wood needed to heat the water.
We also participated in the preparation of baskets of vegetables distributed to loyal customers of the city eager to eat quality products.
Of course we also help during the milking of the 40 or 50 cows early in the morning and late afternoon. We especially like to feed the calves by hand, the cows are milked with milking machines but at a very slow pace because each cow is thoroughly inspected, they know them all and talk to them with affection. Every Tuesday, we filled bottles with fresh milk and a family member would go and deliver them to customers. Unfortunately for now, the other days of the week, the milk is sold to large distributors who mix organic and non-organic milk in the same tank ...
We were lucky to have contact with farm animals very well treated and raised with great compassion and in very low density. They have also been smartly selected for 35 years and they continue to win dairy cow competitions.
We also had the opportunity to discover the beautiful volcanic surroundings by bike and enjoy their experience in the expeditions they organize in high mountains. We were hoping to see spectacle bears but we were not that lucky...
The parents themselves take care of the education of their children by doing school at home, and the cousins grow together in this spirit of solidarity and aware of the environmental problems.
Their philosophy has made them activist and resistant to the steamroller of the market which imposes plastic at all costs and it is a real headache to find alternative packaging solutions of the products they manufacture (milk, cheese, yogurt).
This place, created by this close-knit family with fair and caring manners, is a social and environmental model for all of us. Their welcome was so warm that we felt like part of their family too and strong and lasting bonds of friendship were created.